Tout ce que j’ai, c’est l’héritage de mon Maître qui est préservé pour vous tous. Je souhaite vous le transmettre de mon vivant et repartir léger après avoir été déchargé du fardeau. À dire vrai, tout ce que j’ai à présent, sauf l’héritage, n’est ni la spiritualité, ni la Réalité, ni la Béatitude. Si vous me demandez quelle est ma destination, mon cœur va répondre « Frères ! Je l’ai perdue elle aussi. » À présent je ne peux plus rien voir. Alors que puis-je dire…
Quand je vois tout ce que j’ai à enseigner, je commence à perdre la raison et je veux le déverser en vous, mais de telles personnes [capables de le recevoir] ne seront qu’une ou deux, tel est mon lot. Je sens que si je donne à tout le monde ce que mon Maître m’a conduit à apprendre (et le processus d’apprentissage se poursuit encore), ce que je suis en train d’apprendre maintenant est laissé de côté. Quelle peut donc être la méthode pour ne pas le laisser de côté ? C’est que les gens devraient atteindre un état de fusion élevé et s’ils s’unifiaient eux-mêmes complètement, comme ce serait merveilleux. Si quelqu’un essaie d’apprendre ce que l’on m’enseigne, il doit m’obliger à fusionner avec lui. La méthode pour cela est ce que la classe intellectuelle qualifie de « péché » (c’est-à-dire la méditation sur la forme). En réalité, je veux du bois pour en faire ce qu’il me plaît, mais j’obtiens surtout du mobilier à cette fin.
La fusion est le premier problème de la spiritualité. Lorsqu’il atteint cet état, un abhyasi peut être considéré comme débutant. L’état de fusion évoque le sens d’une relation avec le Suprême dans lequel le soi est perdu. Plus la relation serait proche, plus l’état de fusion serait élevé. C’est à ce moment-là et dans cet état-là que, si Dieu le veut, la lumière divine est accordée dans la même proportion. La pause qui suit la permanence de l’état est appelée la vie divine, mais cela ne s’achève pas là. D’ordinaire, la vie divine suit la fusion à chaque étape, mais ici c’est autre chose. L’homme doit toujours être en quête de fusion. La vie divine vient elle-même simultanément. Le chemin vers la vie divine ne peut aboutir sans fusion. La fin de ce chemin est l’état du Maître, et l’émergence de la vie divine dans ces états ultimes est l’état de bhooma. La sensation de légèreté est le signe qui prouve que l’état réel a commencé à se manifester. La sensation d’amour en est aussi la preuve. II est nécessaire de contrôler les paroles et la pensée pour pouvoir devenir dignes d’atteindre des états de fusion plus élevés. Les autres trouvent des sources de bonheur dans l’acquisition des plaisirs, de la tranquillité et de la paix, alors que pour nous, le chemin de la libération passe par la dissolution et par la sensation des affres de l’amour.
Je veux absolument que tous vous puissiez émerger comme des soleils dans le champ de la spiritualité. Mais ce n’est possible que si l’on ne permet pas au reflet de la terre de se projeter sur le soleil, et cela n’est faisable que si vous calculez votre orbite en conséquence.
Quand l’orbite peut-elle être tracée ? Quand vous redressez la trajectoire.
Et quand la trajectoire sera-t-elle droite ? Quand la destination sera toujours bien en vue.
Et quand le but peut-il rester en vue ? Quand vous devenez entièrement Sien.
Quand pouvez-vous être Sien ? Quand vous perdez complètement le soi.
Quand pouvez-vous perdre votre soi ? Quand il n’y a pas de pensée autre que la Sienne dans le cœur.
Et quand cela est- il possible ? Par la pratique.
Comment la pratique commence-t-elle ? Par l’amour et l’intérêt.
Comment l’amour et l’intérêt naissent-ils ? En y pensant de manière répétée.
Comment la pensée répétée devient-elle possible ? Par la détermination.
Et quand est-il possible d’avoir une ferme détermination ? Uniquement lorsque vous ceignez vos reins pour sacrifier votre repos et vos plaisirs et prenez congé de la léthargie.
Notre Maître doit toujours être un être vivant. Il est bien conscient de tous les points et de tous les problèmes de la spiritualité et il est celui qui a parcouru le chemin. Il sait comment amener le voyageur à continuer. En outre, ses os sont immergés dans Ram Nam (la conscience divine). La matière elle aussi est pure et sanctifiée. Il n’a pas de vibrations terrestres. La force qui s’écoule en lui est naturellement pure, directe et originelle. Il n’y a pas de trace d’éléments indésirables. Le mouvement de son mental (manas) devient léger et commence à travailler selon ses ordres. Le mental, lorsqu’il devient « central », peut tout faire et il est la force réelle qui, où qu’elle soit dirigée, peut accomplir tous les miracles. Comment cette chose peut-elle naître ? En bref, on ne devrait jamais perdre Son souvenir. La moindre minute perdue sans Son souvenir devrait être objet de repentir.
Avec tous mes vœux,
Affectueusement, Ram Chandra