Les antidotes aux préjugés

Comment les préjugés naissent-ils ? Comment vivre sans préjugés ?

Kamlesh Patel étudie ces questions et nous propose quelques antidotes pour dépasser nos préjugés.

En 2003, mon fils m’a offert Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee, un classique américain. J’ai interrompu ma lecture après l’épisode de l’arrestation de Tom Robinson, parce que c’était trop triste. Dix ans plus tard, j’ai vu le film dans lequel Atticus Finch est merveilleusement incarné par Gregory Peck. Il se trouve que celui-ci est justement mort en 2003, et l’acteur qui avait joué Tom Robinson lui a rendu hommage en ces termes : « Gregory Peck est mort, mais Atticus Finch continuera à exister dans nos vies, car il représente quelque chose de rare : de tout le village, il a été le seul à se battre pour la justice. »

Cette histoire a beaucoup changé ma perception des choses. Il y est question de préjugés raciaux, d’injustice, d’enfants qui perdent leur innocence et du courage nécessaire pour surmonter ses propres faiblesses devant ces maux sociaux. Et c’est cela qu’il nous faut dans la vie, du courage. Le titre du livre est génial. Que nous dit-il ? Que chacun de nous a dans le cœur un oiseau innocent qui chante tout le temps « Fais ceci, ne fais pas cela ». Si nous tuons cet oiseau qui nous guide, nous tuons notre voix intérieure, et c’est aussi grave que de se suicider. Nous continuons à vivre physiquement, mais nous avons détruit notre conscience.

Nous savons tous ce que sont les préjugés, la discrimination et l’injustice. Parfois nous prenons la défense des victimes, parfois nous restons des spectateurs ou des témoins muets, et parfois c’est nous qui offensons les autres.

On utilise souvent le mot «discrimination» dans un sens négatif, mais pour la philosophie yogique, la discrimination a une signification très profonde. Elle est au service d’un but. Il y a dans le yoga quatre sadhanas (pratiques spirituelles) fondamentales. La première est viveka, la discrimination ou le discernement – la sagesse innée qui nous permet de distinguer le bien du mal. Et quand sommes-nous capables de faire cette distinction? Quand nous sommes impartiaux et ouverts. Avoir des préjugés signifie que notre opinion est toute faite. Nos idées préconçues nous empêchent de voir la réalité, les faits et les cas de figure particuliers.

Dans la philosophie yogique, la discrimination a une signification très profonde. Elle est au service d’un but.

Comment conduire notre vie de manière à dépasser les préjugés? Il ne suffit pas de reconnaître le problème. On peut écrire dans son journal, parler à un ami, demander de l’aide, vouloir changer, mais il faut faire bien plus que cela. Les vœux pieux ne sont pas suffisants. Ce n’est qu’en travaillant dur qu’on atteint ses objectifs. Si on ne le fait pas, on ne peut s’en prendre à personne d’autre. Et dès qu’on pense avoir réussi quelque chose, on cesse souvent de progresser. C’est le côté tragique des petits succès. On croit qu’on est arrivé, on perd son centre, sa focalisation sur un but, et on commet à nouveau un suicide spirituel.

Mais dans le voyage spirituel, c’est à qui saura le mieux se perdre lui-même; car pour s’élever, il faut se faire petit. Les clés de la progression sont l’humilité et la pureté. La pureté nous ouvre le cœur, et cette ouverture nous donne une liberté d’interaction avec tous et tout. Sans pureté, il n’y a pas d’unité, et sans unité, il y aura toujours des préjugés.

Dans ce voyage intérieur – ce voyage infini – il n’y a pas de compétition avec les autres. On ne se mesure qu’à soi-même: on voudrait simplement agir aujourd’hui mieux qu’hier. Et on se soumet humblement: «J’ai besoin de changer. Guide-moi. Dans quelle direction dois-je aller? Qu’est-ce que je dois corriger en moi?» Chacun ne connaît que trop bien ses faiblesses, mais on a l’habitude de regarder celles des autres. On surveille leurs travers, et on oublie les nôtres.

Sans pureté, il n’y a pas d’unité, et sans unité, il y aura toujours des préjugés.

La première cause de nos préjugés vient du fait que nous ne tenons pas compte d’observations ou de choses avérées. Et nous nous accrochons à nos opinions même quand nos expériences les démentent de façon répétée! C’est pour préserver son image de soi, ou son honneur, qu’on adopte cette funeste attitude entièrement fondée sur l’ego.

Nos désirs aussi nous font prendre des positions biaisées en dépit de faits clairs et incontestables. Car les désirs inassouvis provoquent agitation et turbulences intérieures. Ils peuvent même susciter la colère, quand les choses ne se plient pas à nos caprices. Et la colère, comme la peur, entrave la discrimination. Dans les deux cas, il est très difficile de distinguer le bien du mal.

Un troisième facteur qui nous empêche de discriminer est le sentiment égotique de supériorité: comme nous avons déterminé à l’avance que nous sommes supérieurs, ipso facto tous les autres sont inférieurs. Le meilleur antidote à cette arrogance consiste à toujours penser que l’autre est plus grand que nous, quelle que soit notre grandeur. Cette simple prescription élimine tous les préjugés fondés sur l’ego.

Le meilleur antidote à notre arrogance consiste à toujours penser que l’autre est plus grand que nous, quelle que soit notre grandeur.

En gros il y a deux types de préjugés: les positifs et les négatifs. Que se passe-t-il quand on met Untel sur un piédestal? «C’est quelqu’un de si bien – il ne peut rien faire de mal.» C’est une forme positive de préjugé. On idéalise une personne sans fondement. Et le préjugé négatif va en sens opposé: quel que soit le mérite de quelqu’un, on a déjà décidé que c’était un incapable.

Quel est le contraire d’un préjugé? C’est une appréciation correcte, faite en se centrant sur des données précises, sans aucune idée préconçue. C’est là que la discrimination, viveka, la première étape du yoga, prend toute son importance. Sans cette aptitude à discriminer, nous aurons des préjugés toute notre vie. Il nous faut donc cultiver ce joyau dans notre psyché; cela exige une certaine ouverture du cœur et de la détermination.

Dans quelles situations cessons-nous de porter des jugements? Demandez à une mère. Juge-t-elle son enfant? La réponse se trouve dans la tendresse des bras maternels. Il faut simplement aimer, puis avoir le courage de s’en tenir à ses propres convictions. C’est facile à dire, mais lorsqu’on est confronté à des situations de la vie réelle, on manque souvent de courage. L’ouverture d’esprit vient de la conviction et la conviction se base sur une bonne discrimination générée par un cœur pur. À l’opposé, le cœur peut aussi devenir un terreau fertile pour les préjugés.

La peur joue un rôle important, lorsqu’il s’agit de discriminer. Qui arrive à discriminer en ayant peur? L’ouverture d’esprit favorise la liberté de pensée, contrairement au dogmatisme et aux préjugés. Qu’est-ce que l’ouverture d’esprit? Au début de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, les trois enfants sont très heureux, ce qui peut nous indiquer que les préjugés se dissolvent quand on devient semblable à un enfant. Puis ces enfants perdent leur innocence en étant confrontés au racisme. Jusque-là, ils s’ouvraient joyeusement à la vie. Le contraire des préjugés est donc une attitude de fraîcheur envers toutes les facettes de la vie, pareille à celle des enfants, une attitude positive – un esprit ouvert.

Les petits enfants n’ont aucun préjugé. Leur esprit et leur cœur sont simples et purs. Ils accueillent toutes les impressions venant du monde extérieur, les bonnes comme les  mauvaises. En grandissant, ils se mettent à trier ces impressions, et tentent de ne retenir que celles qui leur sont agréables. C’est alors que les préjugés s’installent et que l’ouverture d’esprit disparaît. Si nous trouvons le moyen de conserver cette première attitude d’émerveillement tout au long de notre vie, on pourra dire que nous avons l’esprit ouvert.

Il y a trois principales catégories de discrimination

La bonne discrimination est inspirée par le cœur, car le cœur ne peut pas envoyer de faux signaux. Quand quelque chose ne va pas, il devient plus lourd. Vous avez dû ressentir cela. Le cœur est capable de déterminer ce qui est bien ou mal, ce qu’on doit faire ou non, ce qui relève de notre devoir (dharma) ou ce qui lui est contraire (adharma).

La discrimination fondée sur l’intérêt personnel et le désir est toujours erronée, car elle provient d’un mental partial, et ne sert que des buts égoïstes.

La discrimination pervertie et opiniâtre n’est pas seulement erronée, elle semble absurde et empêche toute progression. On voit tout selon une perspective faussée. On parle alors souvent d’intelligence pervertie, de confusion et de peur. Le fait de se soustraire à ses responsabilités est aussi révélateur de ce type de discrimination.

Les préjugés ne sont que la conséquence d’un sentiment de supériorité, ils témoignent d’une attitude de non-acceptation. Et quel en est le résultat final? C’est l’injustice. Les préjugés et l’injustice sont liés comme la graine et l’arbre: sans la semence du préjugé, l’arbre de l’injustice n’existerait pas. Celui qui ignore la voix de son cœur dépose en fait une lourde pierre sur ce cœur et devient sourd à ses signaux. Il n’entend pas l’oiseau moqueur qui continue à chuchoter quand on s’engage sur un mauvais chemin.

Cette attitude nous fait perdre de vue les clauses écrites dans le manuel de nos cœurs. Nous sommes centrés sur nous-mêmes, craignant d’être privés de prétendus avantages à court terme. Nous perdons le courage ou la volonté de discriminer et d’agir, et finissons par nous sentir coupables, ce qui parachève le désastre. C’est pour cela que Ram Chandra de Fatehgarh a dit un jour: «Les préjugés sont synonymes de faiblesse du cœur.»

Les antidotes aux préjugés

Il existe de puissants remèdes contre les préjugés. Même si on n’en assimile qu’un seul, on parvient à de grands accomplissements.

  • Cultivez l’amour et la prière dans votre cœur
  • Imaginez que la paix règne partout
  • Développez l’empathie
  • Développez la tolérance
  • Développez la confiance et le respect mutuels
  • Immergez-vous au plus profond de votre être
  • Abandonnez toutes les croyances fondées sur le rationalisme
  • Soyez ouvert, réceptif et déterminé
  • Pensez que les autres sont plus grands que vous
  • Résistez aux impulsions de votre esprit critique
  • Sachez que les préjugés sont un lourd handicap
  • Faites bien votre pratique – c’est un bon début
  • Travaillez sur vous-même sans relâche, pour vous affiner toujours davantage
  • Imaginez un avenir où l’ancien mode de vie fondé sur les préjugés n’existe plus
  • Développez une vision universelle.

Comment échapper au piège des préjugés? Par l’acceptation et l’amour. Une fois que nous acceptons les choses telles qu’elles sont, la tendance au jugement disparaît. Grâce à l’amour et l’acceptation, avec le temps, même ce qui nous contrariait finit par nous être favorable. Rien n’obscurcit autant l’esprit que les préjugés. Restez serein et gardez le cœur ouvert. Ces deux qualités sont d’une importance capitale pour tenir les préjugés à distance.

La connexion au Soi

La prière est depuis toujours la réaction naturelle de l’être humain confronté aux situations difficiles de la vie, comme la pauvreté, les épreuves, la maladie, la mort ou les catastrophes. Nous prions traditionnellement une puissance supérieure ou Dieu, pour demander ce dont nous avons besoin et ce que nous désirons.

La prière cultive une attitude d’humilité et d’acceptation et instaure une relation juste avec la Source. Elle peut nous emporter au-delà des mots, jusqu’au plus profond du sacré. Il est naturel d’exposer nos peines dans la prière, mais partageons aussi nos joies. Rester relié à Dieu en permanence dans un état d’humilité et d’abandon, c’est entrer en état de prière. Cet état se transforme en une méditation profonde, dans laquelle nous transcendons la relation pour aller vers une proximité infinie, et même vers l’unité. La prière est l’expression intérieure d’une immense gratitude.

Dans la prière, le mot « Maître » fait référence à Dieu – la Divinité dans le cœur de chacun.

La prière du Sahaj Marg/Heartfulness mérite d’être examinée en profondeur. Elle est extrêmement nuancée et comprend de multiples dimensions. Elle est composée de trois énoncés. Elle ne contient aucune demande. Il serait bon que tous consacrent du temps à essayer de comprendre l’importance et le sens véritable de la prière, en prenant chaque ligne et en réfléchissant à chaque mot. Des dimensions nouvelles s’ouvriront ainsi.

Nous offrons cette prière le soir pendant dix à quinze minutes pour nous relier à la Source, juste avant de nous endormir.

Nous l’offrons également le matin, avant la méditation.

Asseyez-vous confortablement, fermez doucement les yeux et détendez-vous. Répétez lentement et en silence les paroles de la prière ci-dessous. Méditez pendant dix à quinze minutes sur leur véritable signification et sentez les mots résonner dans votre cœur, sans tenter de les analyser. Laissez leur sens surgir de l’intérieur. Essayez de vous perdre dans cette prière. Allez au-delà des mots et laissez-vous gagner par ce que vous ressentez.

Ô Maître !

Tu es le vrai but de la vie humaine.

Nous ne sommes encore qu’esclaves de souhaits qui font obstacle à notre évolution.

Tu es le seul Dieu et le seul pouvoir qui puisse nous élever jusque-là.

Répétez cette prière intérieurement une deuxième fois et approfondissez encore votre ressenti. Laissez-vous absorber dans cette sensation au-delà des mots. Immergez-vous dans cet état de prière méditative au moment de vous endormir.

Le matin, reconnectez-vous à la Source en offrant à nouveau cette prière silencieuse avant de commencer la méditation Heartfulness.

Kamlesh D. Patel (Daaji)

Né le 28 septembre 1956 dans le Gujarat, en Inde, Daaji a manifesté très tôt un intérêt pour la méditation et la spiritualité. Il a commencé à pratiquer la méditation Sahaj Marg à l’âge de dix-neuf ans, pendant ses études de pharmacie. Peu après, il a rencontré son guru, Babuji. Après avoir obtenu son diplôme avec mention au L.M. College of Pharmacy d’Ahmedabad, Daaji s’est marié et installé à New York où il a développé une entreprise pharmaceutique prospère, tout en élevant ses deux fils avec son épouse. Dans le même temps, Daaji a continué de se consacrer pleinement à la spiritualité auprès de son Maître Chariji, successeur de Babuji. Au fil des ans, Daaji a joué un rôle de plus en plus actif au sein de la Mission, tant sur le plan organisationnel, qu’en diffusant le message du Sahaj Marg et en enseignant sa méthode. En 2011, il a été désigné par Chariji comme son successeur spirituel.

En tant que fondateur du mouvement Heartfulness, Daaji remplit désormais les nombreuses fonctions d’un guru des temps modernes, voyageant beaucoup et apportant son soutien aux chercheurs du monde entier. Il est fermement convaincu qu’il faut nourrir la jeunesse d’aujourd’hui avec des outils pratiques d’autogestion et des valeurs universelles. Sous sa direction, les étudiants et enseignants de plus de 2500 écoles, universités et collèges bénéficient d’un vaste choix de programmes de développement personnel fondés sur des valeurs universelles.

Daaji consacre une grande partie de son temps et de son énergie à ses recherches personnelles dans le domaine de la spiritualité et de la conscience, et partage régulièrement ses découvertes lors de conférences publiques, sur son site web et différents médias sociaux. Ses articles paraissent dans différentes publications, comme le Huffington Post, le Chicago Tribune, le Times of India et le Business Standard. Dil Ki Awaaz, série en douze épisodes, diffusée sur Radio City Smaran, a reçu un très bon accueil du public en Inde et au-delà.

Daaji prône le rapprochement entre les traditions anciennes et la science moderne. Considérant qu’il convient d’aborder la spiritualité avec une approche scientifique, il a réuni une équipe de cent scientifiques pour étudier les effets physiologiques et génétiques de la méditation et de la transmission yogique. Comme il le dit volontiers, « Vous êtes l’expérimentateur, l’expérience et aussi son résultat. »

Daaji souhaite que la méditation Heartfulness puisse être connue de tous les foyers du monde. Sous son impulsion, des formations gratuites à la méditation sont désormais proposées dans des milliers de Heartspots et centres de retraite dans plus de 160 pays. Les formateurs Heartfulness sont disponibles bénévolement dans le monde entier pour des méditations individuelles et de groupe, en présence ou à distance, ou encore via l’application Heartfulness pour iPhone et Android (en anglais pour l’instant).

Lien de téléchargement

Pour en savoir plus sur Daaji, visitez le site www.daaji.fr

“À mesure que nous nous élevons, notre besoin d’être reconnu diminue de plus en plus jusqu’à ce que nous devenions un avec l’infini, nous dissolvant dans l’infini et devenant l’infini. Ainsi, il y a dans le monde matériel l’épanouissement de l’égo, tandis que dans le monde spirituel il y a la totale dissolution de l’ego personnel. Ceci est la beauté du chemin spirituel.”

Daaji

Parthasarathi Rajagopalachari (Chariji)

Shri Parthasarathi Rajagopalachari, appelé affectueusement Chariji, est né le 24 juillet 1927 à Vayalur (près de Chennai), dans le sud de l’Inde. Aîné de quatre enfants, il perdit sa mère à l’âge de cinq ans, peu après la naissance de sa petite sœur qui décéda à son tour peu de temps après. Son père, Shri C.A. Rajagopalachari était cadre dans les chemins de fer, il éleva Parthasarathi et ses deux jeunes frères avec beaucoup de soin. La perte de sa mère allait cependant laisser en Parthasarathi un vide profond qui l’accompagna jusqu’à l’âge adulte.

Après une licence en sciences à l’Université hindoue de Bénarès, il occupa un premier emploi dans le domaine de l’ingénierie chimique, puis passa deux ans en Yougoslavie afin d’étudier les techniques de fabrication des plastiques.

Il épousa Sulochana en 1955 et rejoignit la même année le groupe T. T. Krishnamachari, accédant rapidement au poste de directeur exécutif d’une des sociétés du groupe. Son travail l’amena à voyager beaucoup en Inde et à l’étranger, voyages internationaux qui se poursuivirent toute sa vie, tant pour raisons professionnelles que dans son rôle de guide du Sahaj Marg.

Les aspirations spirituelles de Chariji s’éveillèrent à l’âge de dix-huit ans après qu’il eut assisté à une conférence sur la Bhagavad Gita. Il commença alors à étudier en profondeur les textes religieux et spirituels de différentes traditions, notamment le christianisme. Sept ans plus tard, en 1964, Chariji rencontra Babuji et commença la pratique du Sahaj Marg. Dès sa première rencontre avec Babuji, comme il l’a écrit dans son livre, Mon Maître, « J’ai su immédiatement et intuitivement que j’avais trouvé la personne qui, seule, pouvait être mon Maître et me conduire à mon but. »

Tout en continuant à assumer ses responsabilités familiales et professionnelles, Chariji est resté assidu dans sa pratique spirituelle et fervent dans sa dévotion envers Babuji. Il l’a assisté avec compétence dans son travail spirituel et a apporté une contribution substantielle à l’essor de la Mission.

La venue en Inde d’Européens attirés par les enseignements de Babuji a conduit celui-ci à effectuer, dès 1972, une série de voyages en Europe et en Amérique du Nord, accompagné de Chariji. Une relation de complicité et d’amour profond s’est développée entre eux à cette occasion.

Ces voyages ont semé les graines du développement du Sahaj Marg dans le monde.

Au décès de son maître en 1983, Chariji s’est consacré à la poursuite du travail de Babuji et à l’avancement de sa vision de l’humanité. Sous sa conduite, l’organisation mise en place par Babuji a prospéré en Inde et dans plus de cent autres pays. Au moment du décès de Chariji, la Mission, qui comptait 5000 membres à l’époque de Babuji, en totalisait 500 000.

Brillant orateur, Chariji était aussi doté d’une capacité de travail apparemment illimitée. Il était connu pour sa grande disponibilité. Des dizaines de milliers de personnes peuvent d’ailleurs témoigner de rencontres avec lui, qui ont transformé leur vie.

Il a écrit et publié plus d’une centaine de livres. Mon Maître, un hommage à son bien-aimé Babuji, a été traduit en 20 langues.

En raison d’une santé devenue fragile, Chariji a désigné, dès 2010, Kamlesh D. Patel comme vice-président de la Mission et son successeur. Ces nouvelles ont été annoncées publiquement, afin de leur assurer une large diffusion et de faciliter la prise de fonctions de Kamlesh. Dès lors, et jusqu’au décès de Chariji, le 20 décembre 2014, ils ne se sont quasiment jamais quittés.

“Tournez-vous vers l’intérieur. Toute la connaissance, tous les pouvoirs, tout est à l’intérieur. Votre destinée est à l’intérieur, votre avenir est à l’intérieur, et l’ultime est à l’intérieur”.

Ram Chandra de Shahjahanpur (Babuji)

Babuji naquit le 30 avril 1899 dans la ville de Shahjahanpur (Uttar Pradesh), dans le nord de l’Inde. Dès son plus jeune âge, il manifesta un désir de réalisation spirituelle qui éclipsait tout autre intérêt.

Il occupa pendant plus de trente ans le poste de greffier au tribunal de district de Shahjahanpur. Il se maria à l’âge de dix-neuf ans, et sa femme, Bhagwati, lui donna deux filles et quatre fils avant de décéder en 1949.

En juin 1922, à l’âge de vingt-deux ans, il rencontra Lalaji, qui reconnut en lui son successeur, tel qu’il lui était apparu en rêve des années auparavant.

Ils ne se rencontrèrent que rarement du vivant de Lalaji, qui devint pourtant le centre et le seul but de l’existence de Babuji.

Babuji considérait que l’évolution de la conscience est un droit de naissance et qu’elle devrait être offerte gratuitement aux chercheurs sincères du monde entier. Convaincu que le vrai guru est le serviteur ultime, il vécut sa vie au service de tous, sans distinction de caste, de croyance, de religion, de sexe ou de nationalité. Il enseignait que la vie matérielle et la vie spirituelle sont comme les deux ailes d’un oiseau et que la vie de famille est le meilleur environnement pour apprendre les vertus jumelles de l’amour et du sacrifice. Il simplifia et perfectionna le système du Raja Yoga en conséquence, afin que chacun puisse le pratiquer et en bénéficier.

Il conseillait à ses disciples de ne pas se laisser décourager par leurs défauts et leurs imperfections, mais d’abandonner leurs erreurs en prenant la résolution de ne plus les répéter. Il leur rappelait que c’est dans le présent que nous développons notre caractère et créons ainsi un avenir plus radieux.

Babuji, qui était la plus humble des personnes, avait une foi immense en son guru. Il était convaincu que les chercheurs de toutes cultures et de toutes nationalités adopteraient les pratiques simples et efficaces qu’il proposait. En 1972, il introduisit le Sahaj Marg en Europe et en Amérique du Nord, accompagné de son disciple dévoué et Secrétaire général de la Mission, Shri Parthasarathi Rajagopalachari. Babuji le choisit pour lui succéder en tant que troisième guru de la tradition Heartfulness.

“La fin de la religion est le début de la spiritualité. La fin de la spiritualité est le début de la Réalité et la fin de la Réalité est la véritable Béatitude. Quand cela aussi est parti, nous avons atteint notre destination”

Babuji

Ram Chandra de Fatehgarh (Lalaji)

Né dans une riche famille de propriétaires terriens, Lalaji développa très tôt, sous l’influence de sa mère qui était très pieuse, une grande aspiration pour Dieu. Elle décéda alors qu’il n’avait que sept ans, laissant en lui l’empreinte de sa foi intense. Éduqué dans un premier temps par un précepteur, il passa huit ans à l’école de la Mission à Farrukhabad où il découvrit le christianisme. Il fut impressionné par les paroles de Jésus-Christ : « Il est possible de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille, mais impossible à un homme riche d’atteindre la demeure de Dieu. »

Suite à la spoliation des biens de la famille, Lalaji connut la pauvreté, mais accepta de bonne grâce ces revers de fortune, son but dans la vie étant de nature spirituelle.

Il s’associa à un saint soufi de l’Ordre des Naqshbandi, Moulvi Fazl Ahmed Khan Saheb, également appelé Huzur Maharaj. Celui-ci avait une approche très ouverte du soufisme, dont il dispensait les enseignements à tous, sans distinction de caste et de croyance. Il accueillait des personnes de toutes classes sociales et de toutes religions, hindous, musulmans et chrétiens. Il déclarait que les religions sont nombreuses, mais que leur essence est unique, c’est-à-dire acquérir la spiritualité.

Lalaji fit siens ces principes que l’on retrouve dans la philosophie du Sahaj Marg.

Lalaji considérait que la vie de famille était le cadre le plus favorable au développement personnel et qu’il était possible d’évoluer jusqu’au plus haut niveau spirituel tout en accomplissant ses obligations dans le monde. Poursuivant un tel but pour lui-même, Lalaji offrait de former les autres spirituellement, afin que tous, sans exception, puissent réaliser les aspirations les plus hautes, qui étaient réservées autrefois aux ermites et aux ascètes.

Sa réputation se répandit rapidement et beaucoup vinrent chercher réconfort et conseils spirituels auprès de lui. Grâce au travail qu’il a accompli, Heartfulness est aujourd’hui en mesure d’offrir une pratique simple et efficace à tous les chercheurs intéressés par la spiritualité.

“Le bonheur n’est nulle part à l’extérieur. On le trouve en fixant notre attention, dans une disposition calme et dans le retrait de notre mental. Ceux qui connaissent ce secret ne recherchent pas le bonheur à l’extérieur. Derrière la goutte s’étend la mer, la mer soutient la goutte. Faire que la goutte réalise l’océan, c’est toute la Réalité.”
Lalaji

La relaxation

 

La méthode de relaxation consiste en une série de suggestions qui nous aident à nous détendre. Il est conseillé de la pratiquer juste avant la méditation, et nous pouvons aussi y recourir chaque fois que nous en ressentons le besoin.

Éteignez votre portable et faites en sorte de ne pas être dérangé.

  • Asseyez-vous confortablement et fermez tranquillement les yeux
  • Pour commencer, remuez doucement les orteils et sentez qu’ils se détendent
  • Détendez vos chevilles et vos pieds. Sentez que l’énergie apaisante et bienfaisante de la Terre-Mère pénètre dans la plante de vos pieds, détend vos mollets et remonte jusqu’à vos genoux
  • Sentez l’énergie monter le long de vos jambes et les détendre jusqu’aux cuisses
  • Portez à présent votre attention sur vos hanches, votre bassin et votre taille et sentez qu’ils se détendent
  • L’énergie remonte maintenant le long de votre dos et le détend jusqu’en haut
  • Détendez ensuite votre poitrine… vos épaules… et sentez qu’elles fondent
  • Détendez vos bras jusqu’aux coudes… chaque muscle de vos avant-bras… puis vos mains… jusqu’au bout des doigts
  • Portez votre attention sur les muscles de votre cou et détendez-les. Remontez ensuite vers le visage. Détendez la mâchoire… la bouche… le nez… les yeux… les paupières… le lobe des oreilles… les muscles du visage… le front… jusqu’au sommet de la tête
  • Sentez à présent que tout votre corps est profondément détendu. Parcourez-le de la tête aux pieds et si vous ressentez encore une tension, une douleur ou une gêne dans une partie du corps, immergez-la un moment encore dans l’énergie apaisante de la Terre-Mère
  • Amenez doucement votre attention vers le cœur. Restez-y tranquillement… sentez-vous immergé dans l’amour et la lumière déjà présents dans votre cœur
  • Absorbez-vous lentement en vous-même.

Restez absorbé aussi longtemps que vous le souhaitez, jusqu’à ce que vous vous sentiez prêt à émerger.