Un homme ingrat n’est pas digne de la connaissance spirituelle. Si un tel homme désire s’orienter vers la spiritualité, il doit abandonner l’habitude de l’ingratitude. (Lalaji)
S’il existe un péché, c’est bien celui de l’ingratitude. (Babuji)
L’odyssée de l’âme commence lorsque celle-ci émerge de la Source en tant qu’unité individuelle – une particule divine projetée à partir du Centre, comme une goutte d’eau de la mer ou une étincelle du feu. Héritant d’une impulsion créatrice de la force-pensée originelle, l’âme individuelle cherche à renforcer son existence individuelle. L’âme entame ensuite son voyage vers l’individualité et la matérialité, s’éloignant progressivement de sa Source. Le yoga vise à dissoudre la création individuelle de l’âme et à réconcilier celle-ci avec sa Source, en restaurant sa pureté et son unité originelles. Grâce au voyage yogique, l’âme atteint l’apogée de son odyssée et, sur la trace de sa descente initiale, s’engage sur le chemin du retour pour s’unir à la Source, le Centre.
Le voyage de retour commence lorsqu’un maître de qualité introduit une étincelle initiale de conscience divinement éveillée dans un abhyasi au cours des sittings d’introduction. Cette conscience unique allume une nouvelle motivation intérieure, qui fait naître dans le cœur de l’abhyasi un désir ardent pour la demeure originelle. À mesure que ce désir s’intensifie, les attraits du monde extérieur perdent progressivement leur emprise. Lors de ces premiers sittings, la graine d’une nouvelle destinée spirituelle prend racine au cœur de l’abhyasi.
Une fois que la graine de la spiritualité a été semée dans le cœur, elle peut rester en sommeil pendant une période considérable si elle est privée d’une nourriture appropriée et d’un environnement propice à sa croissance. Pour que cette graine s’épanouisse, la descente de la grâce divine est essentielle, de même que la transmission yogique d’un maître de qualité, qui agit comme un soleil spirituel, illuminant le mental individuel et favorisant les états méditatifs. Le soutien divin ne peut à lui seul assurer la croissance. Pour que la graine de la spiritualité s’épanouisse, il lui faut les eaux nourricières de l’amour et de la dévotion de l’abhyasi, et le sol fertile de l’akhlaq – le bon caractère moral. Cultiver son kshetra intérieur – son champ – est le devoir de chaque abhyasi. Sans ces soins attentifs, aucune croissance n’est possible.
L’amour, la dévotion et l’akhlaq découlent tous de nos vrittis – nos attitudes, qui dépendent généralement de nos tendances. Nos vrittis, à leur tour, régissent nos actions, les pravrittis, qui comprennent non seulement les actes physiques, mais aussi notre attitude mentale. Nos vrittis et nos pravrittis façonnent notre nature ou prakriti – la fusion de nos tendances, de nos attitudes et de nos actions. Notre nature est le champ où notre graine doit s’épanouir et croître.
En fonction de nos vrittis et des pravrittis qui en découlent, notre nature peut incarner l’akhlaq, le bon caractère moral, reflétant des qualités vertueuses, ou se manifester sous une forme moins noble. Dans les deux cas, notre nature, qui comprend les tendances, les attitudes et les actions, a le pouvoir de dessiner notre destin ou prarabdha.
Notre destinée spirituelle, semée sous forme de graine et nourrie par la grâce et la transmission du Maître, s’épanouit lorsque nous cultivons une nature qui incarne l’akhlaq et entretient des attitudes favorables. Cela soulève une question importante : quelle attitude devons-nous cultiver en priorité ? La réponse est la gratitude.
La gratitude favorise le développement de qualités qui vont dans le sens de l’akhlaq comme l’altruisme, l’humilité et la soumission au Tout-Puissant. Lorsque la gratitude est présente, ces vertus émergent naturellement, tandis que l’ingratitude encourage les qualités opposées que sont l’égoïsme, l’égotisme et l’entêtement.
La gratitude et l’ingratitude jouent un rôle important dans notre voyage spirituel. La gratitude naît quand ce que l’on a reçu dépasse les attentes (ou si l’on n’a aucune attente), tandis que l’ingratitude se manifeste quand on estime ne pas avoir reçu à la hauteur de nos attentes, ce qui crée un sentiment de manque. Cet état d’esprit ingrat conduit à une insatisfaction perpétuelle et à un désir inextinguible d’en avoir plus. L’ingratitude engendre des souffrances, alimente des plaintes et un ressentiment à l’égard de Dieu et de la vie, ce qui nous détourne du chemin prévu.
L’ingratitude n’est pas seulement absence de gratitude. Il s’agit d’une attitude de revendication. Une personne ingrate peut reconnaître la valeur de ce qu’elle reçoit, mais elle pense que cela lui est dû et qu’elle le mérite. Cet état d’esprit reflète de l’arrogance, car il convainc l’individu qu’un service lui revient de droit. Lorsque les bienfaits spirituels sont absents, un tel cœur fait des reproches, se plaint et se sent injustement privé de son dû. Cette attitude fait obstacle à la formation d’un lien authentique avec Celui qui donne et conduit la personne à percevoir le Maître comme un simple instrument ou un moyen de satisfaire ses désirs personnels.
Une personne qui éprouve une immense gratitude a tendance à penser : « Je n’ai rien contre cette existence, je n’ai à me plaindre de rien. » Cette personne est satisfaite, ne se plaint pas et n’a pas envie d’en avoir plus. Pour que la gratitude inonde votre cœur, il faut un vide total. Rien de moins que cela. Chez une telle personne, il y a de plus en plus de moins en moins. Chercher à en avoir toujours plus signifie que vous êtes toujours en manque, que vous avez tout le temps faim. Comment la gratitude peut-elle naître quand on en veut toujours plus ?
L’absence de gratitude signifie absence de grâce. Un cœur ingrat ou arrogant ne peut recevoir de bénédictions ou de grâces et n’est l’ami de personne. Un cœur ingrat équivaut à un cœur repoussant. Il repousse au lieu d’attirer. Le développement croissant de la gratitude va de pair avec une pluie croissante de grâces et de bénédictions.
Un jour, le grand sage Narada se promenait dans une forêt luxuriante. En marchant, il rencontra un vieil homme qui méditait depuis si longtemps qu’une gigantesque fourmilière s’était constituée autour de lui.
Le vieil homme remarqua la présence de Narada et lui demanda : « Ô Narada, où vas-tu ? »
Narada répondit : « Je vais visiter le paradis. »
L’homme demanda alors : « S’il te plaît, en arrivant là-bas, pose une question de ma part. J’ai passé d’innombrables vies à lutter pour la libération. Aie la bonté de demander quand Dieu fera preuve de miséricorde et m’accordera la liberté. »
Narada accepta et reprit son voyage. Chemin faisant, il rencontra bientôt un autre homme qui dansait joyeusement sous un arbre. Narada se sentit obligé de demander à cet homme s’il avait un message pour Dieu. Mais l’homme qui dansait était tellement absorbé par sa danse extatique qu’il ne répondit pas.
Quelques jours plus tard, lorsque Narada eut fini de visiter le ciel, il revint auprès du premier homme avec la réponse de Dieu.
L’homme demanda avec impatience : « Ô Narada, t’es-tu renseigné sur ma libération ? »
Narada répondit : « Oui, je me suis renseigné. Le Seigneur a révélé que tu atteindras la libération après trois autres naissances. »
L’homme réagit avec colère et s’exclama : « Encore trois vies ? Mais j’ai déjà médité si longtemps ! Regardez cette fourmilière qui m’entoure. N’est-ce pas suffisant ? »
Narada s’approcha alors du deuxième homme, toujours perdu dans sa danse extatique.
« J’ai pris la liberté d’interroger le Seigneur à ton sujet », dit Narada. « Le Seigneur a dit que ta libération viendrait, mais seulement après autant de vies que les innombrables feuilles de cet arbre sous lequel tu danses. »
En entendant cela, le danseur sauta de joie. Il s’exclama : « Seulement autant qu’il y a de feuilles sur cet arbre ? Si peu de naissances jusqu’à ce que je sois libre ? » Il se tourna vers les cieux avec gratitude en disant : « Oh, merci, mon cher Seigneur ! »
Soudain, une voix retentit dans le ciel et déclara : « Mon fils, tu es libéré à présent. »
L’histoire de Narada illustre magnifiquement l’interaction entre la gratitude et la grâce. Elle nous apprend que la gratitude attire la grâce tandis que l’ingratitude la repousse. Considérons les exemples opposés de l’homme qui danse et de l’homme qui médite dans la fourmilière. Tous deux avaient la possibilité d’être libérés immédiatement, mais leurs attitudes respectives ont fait toute la différence. L’homme qui dansait respirait la gratitude et invitait la grâce, ce qui a conduit à sa liberté immédiate. En revanche, l’homme dans la fourmilière, animé par l’ingratitude et un sentiment de revendication, a repoussé la grâce qui aurait pu le libérer. Imaginez, s’il avait embrassé la gratitude comme l’homme dansant, il aurait pu lui aussi bénéficier instantanément de la libération. La grâce a le pouvoir d’accomplir des miracles. Elle descend lorsque les grandes Personnalités du Monde lumineux sont joyeusement et subtilement présentes parmi nous.
Cependant, si le bénéficiaire manque de gratitude (qui comprend par essence un sentiment de joie), la descente de la grâce sera bloquée. Il est de la plus haute importance que le bénéficiaire ait une tendance à la gratitude, car celle-ci crée les conditions nécessaires à la manifestation de la grâce. En d’autres termes, pour tirer pleinement profit de la pluie, nous devons préparer notre champ comme il convient.
Les propos d’un disciple rempli de gratitude sont uniques. Il y aura de la musique dans les mots ou les silences. Vos yeux, vos gestes, le fait que vous choisissiez de vous asseoir ou de rester debout, votre respiration, les battements de votre cœur – tout cela aura un rythme unique. Avec la gratitude, ce que l’on reçoit est bien supérieur aux attentes. Avec l’ingratitude, ce que l’on a reçu est toujours bien inférieur aux attentes. Dans un état d’ingratitude, rien ne semble jamais suffire.
Le sentiment de gratitude détend tout le système. Que pouvons-nous offrir, en tant que dévots du grand Maître ? Quel cadeau peut lui convenir pour tout ce que nous avons reçu, si ce n’est une gratitude sincère ? L’apparition de la gratitude, du rire, de la reconnaissance et de la prière nous nourrit à différents niveaux et à différents degrés d’intensité. En revanche, la colère, l’aversion, l’irritation et la jalousie nous épuisent de l’intérieur à différents niveaux et à différents degrés d’intensité. L’ingratitude est une attitude du type « jamais assez ». Elle nous rend malheureux. Le mental est constamment occupé à se plaindre. Cela détourne notre attention du Divin. Tout ce qui nous éloigne de la Divinité est la définition même du péché. Combien de temps le parfum subtil de la gratitude peut-il survivre, entouré de l’odeur de la jalousie, de la colère et de la vengeance ?
Des malentendus surviennent souvent lorsque nous n’avons pas la vision d’ensemble d’une situation, ce qui conduit à des hypothèses et à des perceptions erronées, et notre tendance à évaluer constamment tout ce qui nous arrive dans la vie détruit souvent notre gratitude. Supposons par exemple qu’un ami proche annule à la dernière minute le projet que nous avions fait. Nous allons peut-être faire de fausses suppositions sans connaître l’ensemble du contexte et penserons qu’il n’accorde pas de valeur à notre temps ou à notre amitié. Ce malentendu survient lorsque nous ne connaissons pas les raisons qui ont motivé sa décision. Cela peut provoquer un malencontreux sentiment d’insatisfaction, en alimentant le désir que les choses soient plus en phase avec nos attentes.
Cependant, en parlant avec lui, nous apprendrons peut-être que notre ami a annulé en raison d’une urgence familiale. Cette prise de conscience nous permet de corriger nos suppositions erronées et de comprendre que son absence n’avait rien à voir avec nous, mais qu’elle était due à un événement imprévu. Il aurait mieux valu comprendre d’emblée que nous n’avons pas toujours une vision complète de ce que vivent les autres. En leur accordant le bénéfice du doute et en admettant la possibilité que des éléments cachés entrent en jeu, nous pouvons acquérir une compréhension suffisante pour éviter de tirer de fausses conclusions en évaluant les circonstances avec nos connaissances limitées. La confiance est le plus grand cadeau que l’on puisse faire dans le cadre d’une relation. C’est cette confiance qui nous rend éternellement reconnaissants.
La gratitude commence en ayant de la reconnaissance pour ce qui est. Dans le cadre d’une étude fascinante portant sur près de 300 adultes en quête de conseils en matière de santé mentale, les participants ont été répartis en trois groupes : un groupe qui a écrit des lettres de gratitude, un groupe qui a écrit des lettres sur des expériences négatives et un groupe témoin. L’étude a révélé que les personnes ayant écrit des lettres de gratitude avaient une santé mentale nettement meilleure que les autres groupes, ce qui plaide en faveur des avantages de la pratique de la gratitude. En outre, les scanners cérébraux ont révélé que les personnes qui avaient rédigé des lettres de gratitude présentaient une plus grande activation du cortex préfrontal médian, une région du cerveau associée aux fonctions de prise de décision et de raisonnement émotionnel, ce qui suggère que la pratique de la gratitude peut avoir un impact significatif sur les processus cognitifs et le bien-être émotionnel.
Il est intéressant de noter que même les participants qui n’ont pas envoyé leurs lettres de gratitude aux destinataires prévus ont profité des bienfaits de l’exercice sur la santé mentale. Le simple fait de rédiger les lettres, sans même les envoyer, a eu un impact positif sur le bien-être des participants.
Il n’est pas nécessaire de faire des pieds et des mains pour exprimer sa gratitude. Vous commencerez à vous sentir redevables. Le mot sanskrit aabhar signifie « Je vous suis reconnaissant ». Cependant, son sens littéral est « ce fardeau ». Il reconnaît le poids de la gratitude, ce qui peut créer un sentiment d’obligation et de lourdeur. Cependant, la gratitude n’a pas besoin d’une cible ou d’un destinataire particulier. Elle n’a pas besoin d’être dirigée vers une personne ou une entité. La gratitude est comme le parfum d’une fleur, qui n’a pas de destination précise. Que vous croyiez ou non en Dieu n’a pas d’importance ; ce qui compte vraiment, c’est votre capacité à éprouver de la gratitude. Si vous croyez en Dieu mais manquez de gratitude, la croyance perd sa raison d’être. La prière inexprimée qui naît d’un véritable sentiment de gratitude atteindra toujours sa destination, même si elle ne s’adresse à personne.
Un sentiment de reconnaissance surgit lorsque quelqu’un répond à un désir conscient ou inconscient, ou bien nous rend service d’une manière ou d’une autre. Cependant, ce type de gratitude est souvent conditionnel et dépend du fait que nous recevons des choses que nous apprécions. Mais qu’advient-il de notre gratitude lorsque nous rencontrons quelque chose que nous n’apprécions pas ?
Prenons l’exemple d’une commande au restaurant. Supposons que le goût ou la présentation ne correspondent pas à nos attentes. Dans ce cas, nous sommes déçus et perdons le sentiment de gratitude d’avoir été nourris et soutenus. Nos attentes agissent comme une barrière, nous faisant oublier la huitième maxime de Babuji : « Soyez heureux de manger dans la pensée constante du Divin, quoi que vous receviez, et en veillant à ce que vos gains soient honnêtes et pieux. » Au lieu d’incarner une gratitude inconditionnelle à ce moment-là, notre gratitude ne pouvait se manifester que si ce que nous recevions correspondait à nos attentes.
Il existe un niveau supérieur pour évaluer les cadeaux, qui va au-delà de leur qualité et se concentre sur l’intention qui les sous-tend. Par exemple, lorsque votre enfant vous offre un simple dessin, vous ne vous préoccupez pas de l’habileté artistique dont il fait preuve. Au contraire, vous êtes rempli de joie par l’amour et l’innocence qui se dégagent de son geste. Dans ce cas, vous évaluez le cadeau en fonction de l’intention plus que de la qualité.
Cependant, il est essentiel d’aller plus loin et de reconnaître que toute expérience existe dans un but évolutif. Par conséquent, notre évaluation devrait aller au-delà des considérations de qualité et d’intention pour inclure l’objectif évolutif plus large des différentes expériences de la vie.
Dans les temps anciens, la philosophie Sankhya soulignait qu’il y avait une finalité derrière les expériences que la nature nous offrait. Ces expériences, qu’elles soient positives ou négatives, étaient reconnues comme un socle à partir duquel évoluer hors du monde matériel. Les enseignements du bien-aimé Chariji, qui comparait souvent la vie à une école où des leçons inestimables sont transmises, font écho à cette compréhension. Cette perspective nous permet de comprendre la signification de chaque expérience que nous rencontrons et de cultiver la gratitude, sachant que chaque expérience peut contribuer à notre croissance spirituelle et à notre voyage final vers la libération et au-delà.
Les expériences de la vie peuvent être des leçons précieuses sur notre chemin, quelle que soit leur nature. Les expériences amères, en particulier, sont des outils puissants pour notre développement. Les expériences plus douces, en revanche, peuvent détourner notre attention et nous attirer dans les méandres du monde matériel. Alors, de quelles expériences devrions-nous être plus reconnaissants, les expériences agréables ou les expériences difficiles ? Dans le cadre de cette question, la cinquième maxime de Babuji revêt une signification profonde lorsqu’elle nous rappelle d’« accepter les souffrances comme des bénédictions divines pour notre propre bien et d’en être reconnaissant ». Cette maxime nous encourage à reconnaître que même dans les moments difficiles, un plus grand dessein se déploie, nous guidant vers notre destinée spirituelle. Vu sous cet angle, nous pouvons comprendre la signification de chaque expérience que nous rencontrons et cultiver la gratitude, sachant que chaque expérience qui se présente à nous peut contribuer à l’évolution de notre conscience. Lorsque nous sommes découragés par les saveurs amères de la vie, nous avons, dans une certaine mesure, perdu de vue le but de la vie. Cette prise de conscience nous permet de réfléchir à notre but et à notre objectif.
Cependant, le fait même de reconnaître que toutes les expériences recèlent un potentiel évolutif et méritent de la gratitude indique une forme conditionnelle de gratitude. Le sentiment de gratitude face aux épreuves repose toujours sur l’évaluation de celles-ci comme des bénédictions divines pour notre croissance personnelle. Au-delà de cette étape, il y a un stade ultérieur où la notion d’évaluation se dissipe complètement. À ce stade, tout ce qui nous arrive est perçu comme un don du Bien-Aimé qui devient le centre d’intérêt unique. Ramakrishna Paramahamsa a illustré cet état de gratitude dans lequel le jugement et l’évaluation ont disparu, ne laissant qu’une reconnaissance profonde et joyeuse de la présence du Divin. À ce niveau avancé de gratitude, ce n’est plus le don lui-même qui est mis en avant, mais celui qui donne, le Bien-Aimé. Ici, même le processus de l’évolution devient insignifiant pour le dévot. La véritable gratitude émerge d’un cœur qui est en résonance avec l’Être ultime et ne dépend ni des événements extérieurs ni des bénédictions spirituelles. Ce n’est que lorsque tous les désirs sont abandonnés que nous pouvons entrer dans cet état sacré.
La culture de la gratitude se déploie à différents niveaux, qui vont d’une appréciation, d’une reconnaissance et d’une gratitude momentanées à un état de gratitude durable. Finalement, la gratitude devient partie intégrante de votre être, imprégnant votre nature même. À ce stade, le pèlerin a dépassé la simple expression de la gratitude et partage désormais volontiers et joyeusement sa force vitale avec des candidats méritants. Cette transformation marque le passage du statut de celui qui reçoit à celui qui donne, incarnant l’essence de l’évolution de la gratitude.
Comment pouvez-vous arrêter la gratitude ? Et lorsque la gratitude, dans le flux de la vie de votre cœur, doit sortir par vos yeux – nous appelons cela ashrudhara en sanskrit. Vous voyez, l’écoulement des larmes est comparé aux fleuves jumeaux du Gange et de la Yamuna, des fleuves sacrés, voyez-vous. Ces larmes sont sacrées, elles sont bénies. Elles vous libèrent des énormes fardeaux de culpabilité enfouis dans votre cœur et vous permettent d’exprimer la gratitude qui réside dans votre cœur, réprimée dans votre cœur. Et lorsque ce barrage se brise, nous sanglotons, nous pleurons. Et c’est une bonne chose que cela arrive. S’il vous plaît, laissez faire quand cela se produit chez un abhyasi. (Chariji)