Discours – Kamlesh D. Patel
Chers amis,
Nous sommes réunis à la confluence de trois moments marquants : le 147ème anniversaire de la naissance de notre vénéré Adi-Guru, Shri Ram Chandra de Fatehgarh (Lalaji Maharaj), le 75 ème anniversaire de la grande organisation spirituelle fondée en son nom, la Shri Ram Chandra Mission et l’inauguration du hall de méditation de Kanha Shanti Vanam.
Depuis l’avènement de Lalaji, la Nature a assuré la présence continue d’un Maître vivant parmi nous.
Tout comme on peut apprécier de loin la beauté d’une rose, un disciple digne de ce nom est capable d’apprécier l’être du Maître et de le savourer, même loin de lui. Mais pour respirer le parfum de la rose, vous devez vous en approcher. Vous devez la tenir dans votre main. Même si vous trouvez le Maître partout où vous êtes, il vous manque encore quelque chose d’important. À un certain point, vous devez être près de lui. Mais en tenant cette fleur, attention ! Elle a des épines qui peuvent vous piquer. Car si la présence physique du Maître offre de nombreuses opportunités, il y a également des dangers. Abordés avec le cœur, ces dangers se transforment en bénédictions encore plus grandes, mais si le cœur ne parvient pas à fondre dans de telles circonstances, ces dangers deviennent les exécuteurs de votre tragédie spirituelle.
Babuji Maharaj a observé un jour qu’à l’époque de Lalaji, les gens qui venaient le trouver étaient en quête d’idéaux élevés, alors qu’à sa propre époque, ils ne venaient que pour la paix de l’esprit. C’était il y a des décennies, et comme les temps ont continué de changer, leur trajectoire descendante a également continué. Aujourd’hui, les gens vont généralement chercher auprès du Maître des orientations dans le domaine de la vie matérielle. Accablés par une myriade de problèmes quotidiens, ils ont cet argument : « À quoi bon avoir un Maître s’il ne résout pas les problèmes ? Pourquoi aller le trouver pour autre chose que cela ! » Ils viennent souvent chercher des bénédictions lors d’occasions particulières, comme les anniversaires, les anniversaires de mariage, les mariages, les pendaisons de crémaillère, au moment de commencer un nouvel emploi ou une nouvelle affaire, ou pour se plaindre de telle ou telle personne.
Qu’obtient-on en sollicitant le Maître pour « ceci et cela » ? Quand on recherche une bénédiction quelconque, cette « recherche » même devient un obstacle. Que vous recherchiez des bénédictions matérielles ou le progrès spirituel, l’attitude d’attente devient un obstacle qui bloque le flux entre vos cœurs. Le Maître est prêt à donner des bénédictions encore plus grandes, mais les gens se maltraitent imprudemment, souvent avec des exigences aussi infimes que des bénédictions d’anniversaire !
Qu’est-ce qu’une véritable bénédiction ? C’est celle qui résout l’énigme de la vie, celle avec laquelle le but de la vie est accompli. Quand on a reçu une telle bénédiction une fois dans sa vie, pourquoi faudrait-il d’autres bénédictions ? C’est pourquoi Pujya Babuji a déclaré qu’il vous suffit de rencontrer votre Maître une seule fois dans votre vie ; toute autre rencontre est un plus. Tout dépend donc de l’attitude que l’on a lors de cette seule et unique rencontre.
Il est extrêmement rare qu’un individu vienne trouver le Maître sans rien chercher du tout, simplement en aimant à seule fin d’aimer. Une approche aussi gracieuse illustre véritablement le nishkam karma (action sans désir) prôné par le Seigneur Krishna. Dans un cœur aussi aimant et sans désir, le Maître ne peut s’empêcher de se répandre, sans paroles et sans y être invité. Il existe entre le Maître et le disciple un état de communion dans lequel les deux cœurs, le cœur qui reçoit et le cœur qui transmet, se comprennent parfaitement. Leur résonance se fait automatiquement et tous deux se mettent à vibrer d’une énergie magique dans un silence total, sans qu’il soit nécessaire d’expliquer, de justifier ou de confirmer.
Mais il est sûr que cette résonance authentique sera remise à plus tard si le cœur de celui qui demande reste indéfiniment rempli de désirs, année après année. Ce qui aurait dû se produire en un clin d’œil peut maintenant demander un nombre incalculable de vies.
Qu’est-ce qu’une véritable bénédiction ? C’est celle qui résout l’énigme de la vie, celle avec laquelle le but de la vie est accompli.
En comprenant, en pratiquant et en restant complètement en Pratyahara, le Maître devient le centre de gravité de la vie du disciple. Maintenant, sentant les attributs divins du Maître, le disciple est inspiré à se rapprocher de l’être physique du Maître. Cette inspiration doit venir de l’intérieur. Malheureusement, lorsque les gens sont poussés prématurément devant le Maître, comme c’est le cas des nouveaux chercheurs et des « VIP » , des problèmes ont tendance à surgir. Si une personne n’a pas déjà une certaine compréhension et une certaine expérience du système et de ses pratiques, il lui est assez difficile d’apprécier ce qu’elle reçoit dans ce moment avec le Maître.
Nous devons faire très attention lorsque nous amenons nos enfants, qui sont jeunes et ne comprennent pas la situation. Il est inutile de les pousser. Si vous ne rejoignez pas une chambre confortable le soir, quand ils ont envie de dormir, ou si vous les faites asseoir par terre alors qu’ils n’y sont pas habitués, ou si vous les forcez à manger tout ce qui est servi à l’ashram, en exigeant qu’ils considèrent cela comme du prasad, ils peuvent se révolter et se mettre à détester la situation. Cela s’ajoute à de nombreuses confrontations similaires avec l’inconfort de l’environnement du Maître. Leurs émotions vécues sont stockées dans le subconscient et, plus tard dans la vie, ces émotions peuvent créer une barrière entre les enfants et le Maître.
Il vaut tellement mieux approcher le Maître avec un sentiment sincère ! Avant que le disciple sincère ne parte pour rencontrer le Maître, son attitude intérieure est faite d’attente pleine d’amour, de vénération et de douce surprise. En arrivant près du Maître pour lui rendre visite dans ses appartements, il entre doucement. Ses yeux regardent doucement vers le sol, ce sol sacré à aborder avec un cœur qui prie. En marchant avec légèreté et douceur, il ne laisse pas tout le poids de son corps s’installer. Ces véritables disciples ne cherchent pas à s’asseoir devant ou à avoir une position plus confortable. Devant le Maître, ils abandonnent naturellement toutes leurs idées, leurs souhaits et leurs opinions. Il doit en être ainsi, du moins provisoirement, s’ils souhaitent réellement être préparés pour faire le bonheur du Maître.
En ne cessant d’analyser et de tirer des conclusions sur tout, on détourne le travail du Maître. Devant le Maître, l’individualité doit prendre fin, et même si elle demeure, le vrai disciple maintient au moins un silence plein de recueillement. Il n’est pas convenable pour un disciple d’analyser tout ce que fait le Maître. Pour qu’un véritable dialogue s’instaure et qu’une véritable communion commence, il faut un silence intérieur total. Les yeux qui scrutent, les esprits qui s’interrogent et les cœurs en demande devraient s’effacer, afin d’accorder toute votre attention à la personne du Maître. Essayez de sentir votre condition intérieure résonner avec la sienne.
Une fois que vous êtes à proximité du Maître, des problèmes d’un autre ordre commencent souvent. Ces problèmes peuvent devenir une bénédiction supplémentaire ou se révéler dangereux. Comme toujours cela dépend du disciple. Les singularités ou les particularités du Maître deviennent alors visibles pour le disciple, qui commence à soupeser tous ces traits qui reflètent l’apparente petitesse du Maître, perçu comme auparavant comme divin. Comme l’a fait remarquer un jour ce cher Babuji : « Beaucoup viennent me voir, mais personne ne me voit vraiment ! ». En général nous ne voyons que ce que nous pouvons appréhender avec le niveau de conscience et de compréhension qui est le nôtre. À partir de la perspective inférieure imposée par notre niveau de conscience, il est difficile d’avoir connaissance des dimensions plus élevées. Ce que nous voyons n’est qu’un reflet de notre propre conscience, et le Maître devient donc comme un miroir. Ce que nous voyons en lui se fonde sur nos propres attitudes et attentes ou, plus simplement, sur nos samskaras. Pendant que ces samskaras se déroulent, ils vont créer sans aucun doute de la suspicion et un certain degré de désaccord et de frustration, qui créent à leur tour une résistance croissante. On commence à édifier un mur entre soi et le Maître. Ce n’est qu’en empêchant cela qu’il sera possible de considérer le Maître en tant que Maître. Peut-on empêcher cela ? Cela dépend du disciple.Ne vous découragez pas si vous en êtes à ce stade, car il peut marquer le point de départ d’une évolution à venir, à condition que vous compreniez correctement les singularités que vous avez perçues chez le Maître. Utilisez ces situations déroutantes et voyez comment elles peuvent être résolues aisément avec un cœur assoiffé de divin ; celui-ci perçoit naturellement toutes les nuances du Maître, qui, vues auparavant par le filtre de sa logique, lui semblaient fatales.
S’il ne parvient pas à intégrer dans son propre cœur les aspects, en apparence différents, du Maître, le disciple fait obstacle à la poursuite de son propre voyage. À un moment donné, chaque disciple crucifie son Maître dans son propre cœur. En comprenant et en transcendant cette étape, il fait un saut quantique.
Imaginez l’étape où un disciple qui voyage sur le chemin pleure de tout son cœur, désespéré par ce qu’il a perçu comme un dérapage du Maître, alors qu’auparavant il était tout « gaga » du Maître spirituel qu’il venait de trouver !
À ce moment critique, certains quittent le système et s’éloignent du Guide. Ruminer constamment avec répulsion sur le Maître engendre des vibrations négatives qui ne manqueront pas de l’affecter. De plus, non seulement le disciple et le Maître sont entraînés ensemble dans la boucle de ce tourbillon de négativité, mais beaucoup d’autres associés sont également affectés. Tout comme les vibrations d’amour ont un effet d’entraînement, les vibrations de haine aussi. Malgré ce développement, le Maître bienveillant et compatissant accueille tout un chacun. Il se soumet à tout le monde et reste toujours vulnérable. Le souci de sa propre paix est mort il y a longtemps déjà. Il ne s’inquiète pas de sa crucifixion personnelle dans le cœur des disciples. Quoi qu’il arrive, l’amour n’impose pas de conditions !
La nature compatissante du Maître ne l’isole pas de l’effet des vibrations négatives émanant du cœur des disciples qu’il aime. Le découragement affecte la santé mentale et physique de n’importe qui, fût-ce un Maître. En fait, une telle tristesse provoque encore plus de ravages dans la vie du Maître, en raison de son haut niveau de sensibilité. Il se trouve qu’à la fin des années 1970, Babuji était en compagnie de sœur Kasturi et de quelques autres anciens. Soudain, elle perçut un changement dans l’environnement, un repli dans la condition de Babuji. Elle remarqua que sa conscience avait rétréci par rapport à son état d’expansion ; il s’était soudainement découragé. Lorsque sœur Kasturi demanda à Babuji quelle en était la raison, il évoqua à contrecœur que les membres d’un certain centre créaient des factions, ce qui créait un contexte négatif et politique.
Le Maître a connaissance des états d’amour et de haine qui envahissent le cœur des disciples. Tout en étant amoureux, il y a un certain niveau d’agressivité : par exemple, l’agressivité pour se frayer un chemin à travers tout obstacle à la rencontre avec le Bien-aimé. Quand on ressent de la colère pour une raison ou pour une autre et qu’on a envie de s’éloigner du Maître, c’est aussi de l’agressivité, mais dans un sens différent. Le Maître reste le spectateur silencieux de l’agressivité des disciples, tant dans les phases émotionnelles positives que négatives. Il n’a pas le choix. Il prie et attend ! Le disciple doit également être patient. Bref, il y a confluence du Maître avec la multitude d’affluents qui se déversent dans cet océan d’altruisme et d’amour pur.
Bien qu’il observe les nombreux niveaux d’agressivité émotionnelle du disciple, le Maître veille à ce que l’ego du disciple soit en grande partie raffiné. Pour y parvenir, il continue à créer des situations uniques en leur genre. Il est peut-être beaucoup plus facile d’échapper à l’emprise de la passion charnelle que d’échapper à cet ego. Dans le premier scénario, on est conscient de l’influence négative, mais ce n’est pas le cas lorsque l’ego se dresse. Rappelez-vous que la passion n’a que cinq barrières ou cercles, alors que l’ego en comprend onze sur un total de vingt-trois ! Le Maître doit être extrêmement prudent lorsqu’il affine l’ego du disciple. Parfois, en dépit de toutes les précautions prises, le disciple se fâche. Même là, le Maître doit continuer sur sa trajectoire, bien qu’il ait conscience de la blessure du disciple. Selon les termes de Kabir, le Maître agit comme un potier, soutenant la forme (la personnalité) de l’intérieur tout en frappant l’argile de l’extérieur. Étant humain, il ressent aussi la douleur que le disciple éprouve durant cette période critique.
Au fur et à mesure que la dévotion augmente, le Maître se rend disponible plus facilement et attire le disciple plus près de lui. C’est l’avènement d’une ère nouvelle dans la vie du dévot. Sa transformation intérieure s’accélère et il est submergé par l’ivresse spirituelle, ce qui le conduit à faire l’expérience d’une immense gratitude. Cependant, le danger persiste. Dans ce contexte de transformation, le disciple peut commencer à se sentir supérieur aux autres ou plus important qu’eux. Le cœur du Maître se brise en mille morceaux quand il assiste à une situation de ce genre.
Tout au long du voyage avec le Maître, on découvre qu’il y a toujours un choix, soit celui de faire un saut quantique, soit d’être écrasé dans le trou noir de sa propre création, ce que j’aimerais appeler une déviation spirituelle imposée à soi-même. Une fois que vous êtes pris au piège du tourbillon de l’ego, il est difficile d’en sortir. Si cela se produit et que vous prenez conscience de cette fâcheuse déviation, prenez du recul et réorganisez vos efforts avec un cœur plus clair, tout en vous réévaluant, ainsi que le Maître et ses capacités. Il n’y a aucun péché à évaluer le Maître intérieurement. À ce moment-là, vous n’aurez pas la capacité de poursuivre votre voyage si vous ne le faites pas. Après tout, si l’on est prêt à aller jusqu’au bout, au point de s’abandonner complètement, tester ainsi le Maître, « est-il digne de mon adoration ? », est un droit. Ce n’est pas une insulte au Maître que de le faire. Ce n’est que lorsque le cœur est complètement satisfait que l’on fait tomber toutes les barrières protectrices de l’individualité. En amour, toutes les barrières se dissolvent simplement. Ce n’est qu’avec des ennemis ou des personnes que nous n’aimons pas que les mécanismes de protection restent intacts. Une fois les barrières dissoutes et le courage ainsi attisé, la goutte est prête à plonger dans l’Océan.
Malheureusement, il faut un certain temps à la plupart des gens pour se remettre de leur confusion à l’égard du Maître, et cela consomme une grande quantité d’énergie émotionnelle. On reste perturbé et sans but pendant toute cette période sombre. Pendant cette période prévisible, même le Maître est agité. Il est en résonance avec le disciple, et l’inquiétude pour son bien-être et sa stabilité pèse sur lui. Pour assurer le bon déroulement du voyage du disciple, le Maître doit à présent intensifier son travail. Au cours de cette phase délicate, il ne peut laisser se former aucune déviation.
Quel que soit le scénario, la première responsable est la suffisance, qui nous maintient dans un état d’inertie spirituelle. L’ego ne cesse de dresser la tête ! Les suggestions et les mesures correctives employées par le Maître peuvent nous blesser profondément le cœur. Malheureusement, l’ego a un nombre infini de têtes ; quand l’une d’elles est détruite, surprise ! Une autre est prête à se dresser ! Ce jeu se poursuit à l’infini, jusqu’au jour où nous réalisons qu’il est vain et nous nous abandonnons une fois pour toutes, avec amour. Nous sommes à présent arrivés à la maison. Combien de temps devons-nous attendre ? Prenons conscience que le temps que nous partageons nous est compté. Nous n’avons pas l’éternité devant nous.
Avec amour et respect,
Kamlesh Patel
Célébration de trois moments marquants : le 147e anniversaire de la naissance de notre vénéré Adi-Guru, Shri Ram Chandra de Fatehgarh (Lalaji Maharaj) ; le 75e anniversaire de la grande organisation spirituelle fondée en son nom, la Shri Ram Chandra Mission et l ’inauguration du hall de méditation de Kanha Shanti Vanam.