Ram Chandra de Fategarh – extrait du livre Vérité Éternelle
La manière de parler devrait être dépourvue d’intonations hautes ou basses. Elle devrait être au contraire comme le courant divin qui s’écoule uniformément depuis le commencement de la création. Je n’ai fait que l’imiter et les bienfaits en sont innombrables et impossibles à relater.
Selon cette philosophie, lorsque le flot de la conversation s’écoule en accord avec la Réalité, un état d’harmonie se développe entre les deux. Grâce à cette harmonie, la voie divine commence à se développer automatiquement. Cela engendre de l’efficacité, car tout ce qui est dit touche le cœur des autres. En d’autres termes, une sorte de relation s’établit avec le courant de la Réalité. Lorsqu’une relation se crée, l’efficacité doit être là. Si nous imitons cela, les seuls mots qui viendront dans la conversation seront intentionnels et justes.
Pour y parvenir, nous nous efforçons tout d’abord d’éliminer de notre conversation les intonations hautes et basses que l’on peut appeler également le tranchant de la voix. Au fur et à mesure que nous y parvenons, le courant de la parole s’harmonise progressivement avec le courant de la Réalité. Par le mot « tranchant », je n’entends pas seulement la colère qui est très lourde et ne devrait jamais être autorisée dans ce contexte. Ce que je veux dire, c’est que le courant de la parole ne devrait être chargé d’aucune lourdeur. Pour illustrer cela, prenons l’exemple d’un courant d’air calme. Il est très difficile d’y parvenir, mais tout est possible avec de la persévérance et du courage, si la grâce du Guru est là.
La condition équilibrée du mental est une expression de l’attitude correcte dans toutes nos activités, dans des circonstances diverses. Au sens large, elle est le reflet de notre caractère. Elle a une répercussion profonde et une influence favorable sur tout notre entourage. Elle se révèle dans la conversation, que celle-ci soit longue et sérieuse ou brève et légère. C’est une conversation dépourvue d’excitation ou d’éclats dus à l’émotion, elle est dépourvue de réactions vives, d’emportement et de mauvaise humeur ; elle est l’expression prompte, méthodique et courtoise du soi, et elle est douce, cultivée et fluide, comme la descente harmonieuse de la Grâce divine.
Celui dont la parole est polie, courtoise et cultivée, possède un grand cœur, pur et noble, et a ainsi une grande influence sur l’esprit des autres. Le cœur pur, en communion avec la Base ou la Source, se déverse naturellement avec noblesse, magnanimité et amour. Il laisse une impression immédiate, pénètre peu à peu profondément et s’établit dans les esprits. Mais l’ambiguïté et l’indécision ne doivent pas être encouragées.
Une parole courtoise est une condition indispensable pour atteindre le but de la vie humaine. Une parole cultivée gouverne le royaume du cœur. Une parole impeccable dans le discours ou la conversation influence l’humanité et règne en maître.
La colère est un poison pour la spiritualité. Tant que l’on n’est pas débarrassé de ce fléau, la modération ne peut être atteinte. La colère a pour effet d’alourdir l’organisme et de produire de la tension. Elle provoque une pression constante sur la pensée. Cette fragilité humaine conduit à la perte du respect de soi et à l’individualité, ce qui engendre le malheur. Cela empêche le courant subtil de pénétrer librement ; autrement dit, le flot de la Grâce divine est freiné.
Si l’on surmonte la colère et évite l’emportement et la mauvaise humeur, on peut alors atteindre une condition équilibrée du mental. Plus le contrôle sur celui-ci est grand, plus le don céleste est abondant et généreux.
Il est regrettable que ce principe important et essentiel sur l’usage de la parole, dans les activités incessantes et indispensables de l’être humain, soit souvent ignoré et négligé. Il est également malheureux de tenir le Guru divin pour responsable de toute défaillance. Il est certes très difficile de contrôler le mental.
Pour nous libérer de la colère, nous devons nous considérer comme poli et humble. Ou plutôt, nous devons faire en sorte qu’une seule et même couleur pénètre chaque partie de notre corps. La seule chose requise pour la spiritualité est une disposition calme et tranquille. Le cœur est si tendre qu’il commence à ployer au moindre souffle de vent.
Quiconque s’élève à une certaine hauteur entrevoit sa petitesse dans la même mesure. C’est un secret de la Nature. Si, en restant étroitement attaché au Maître, nous atteignons un niveau élevé d’avancement et pourtant nous sentons bas, n’est-ce pas en soi une condition ? Je viens d’en exprimer la raison. Notre passion devrait être : tout ce qui est là est Tien ! Et lorsqu’il en est ainsi, comment y aurait-il place au regret ?
Lorsque nous sommes rassasié d’une chose, nous n’en tirons plus le même plaisir qu’auparavant. Nous la traitons peu à peu comme une chose ordinaire. Il faut considérer cela simplement comme l’état de regret ou la condition déchue. À part cela, il vaut mieux se situer en bas qu’être perché en hauteur. En l’un réside la dévotion et en l’autre l’idée de perfection.
Que pourrais-je dire de plus ? Quand on a perdu tout sens de son importance et qu’on est dépourvu de conscience de l’ego sous quelque forme que ce soit, directe ou indirecte, quoi que l’on fasse, ce sera exactement ce que l’on doit faire. Cette condition, si elle est accordée par Dieu, est la meilleure de toutes les conditions. Chacun devrait s’efforcer d’y parvenir.
La technique pour développer la douceur consiste à créer une extrême humilité de caractère, afin d’être rempli d’un tel sentiment d’amour qu’il n’y a aucune tendance à causer quelque blessure que ce soit au cœur de quiconque, et les mots sont également tels qu’ils ne blessent en rien le cœur de quiconque.